La Fondation Pierre Gianadda présente du 17 juin au 20 novembre 2011 soixante-dix peintures de Claude Monet, dont vingt-cinq prêts historiques du Musée Marmottan-Monet à Paris et quarante-cinq tableaux prestigieux provenant des principaux musées et collections privées suisses. Certaines de ces oeuvres sont visibles pour la première fois depuis des décennies.
En 1885, dans un article paru dans Le Journal de Bruxelles sous le titre « Exposition d’oeuvres impressionnistes« , Émile Verhaeren écrivait: « L’homme qui le premier s’est improvisé paysagiste impressionniste, c’est Claude Monet. Plus que personne il est le superbe révolutionnaire et pour l’instant le principal bafoué. C’est de règle. Voyant de manière plus parfaite, plus profonde, plus délicate, il est nécessaire qu’il subisse tous les lazzis des daltoniens de la peinture et de la critique, des immobilisés de tout âge et des retardataires de toute arrière-garde. Aussi bien les impuissants auront beau jeu. Cet art savant restera énigme pour la foule et pour eux. »(cf. « Monet vu par…« , Textes choisis et commentés par Thomas Schlesser, BeauxArts Éditions, Paris, 2011).
Cent-vingt-six ans plus tard, nous n’en sommes plus là, et c’est heureux. Particulièrement délicat, l’oeil des impressionnistes a gagné. Victoire magistrale dont n’a jamais douté Clemenceau qui rencontra la peinture de Monet dès 1895, lorsque l’artiste exposa sa série de Cathédrales de Rouen (de « petites crottes jaunes« , ironisait Félix Bracquemont), exhortant le président de la République à aller voir ce « moment de l’homme lui-même« . Clemenceau ressentait la peinture de son ami comme une véritable expérience cosmique, tandis que Gustave Geffroy, autre ardent défenseur, voyait personnellement en Monet « un grand poète panthéiste« . Sans oublier, parmi tant d’autres, le peintre surréaliste André Masson qui, participant dans les années 1950 à la redécouverte des Nymphéas, élèvera les salles du musée de l’Orangerie au rang de « Sixtine de l’Impressionnisme« .
Présentation sonore de l’exposition par son Commissaire, Daniel Marchesseau, Conservateur général du patrimoine:
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La priorité de Monet: la nature au détriment des « papotages » de salon
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Commentaire sonore de Daniel Marchesseau, Commissaire de l’exposition:
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L’eau, le ciel, la nature, mais aussi… le monde du travail
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« Monet, ce n’est qu’un oeil… mais, bon Dieu, quel oeil ! » (Paul Cézanne à Ambroise Vollard)
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Monet voulait exprimer l’impression qu’il recevait dans son oeil
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Monet se met en danger pour une seule chose: l’obsession de la peinture
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Monet, les séries, le japonisme
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Monet, père de la peinture moderne
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Parallèlement à l’exposition « Monet au musée Marmottan et dans les collections suisses », la Fondation Pierre Gianadda présente la collection personnelle d’estampes japonaises du peintre. Une sélection de la Fondation Monet à Giverny.
Si les artistes contemporains du maître de Giverny ont manifesté un profond intérêt pour les estampes japonaises, c’est à coup sûr Monet qui fut le collectionneur le plus assidu. Avec une influence réelle dans le choix de ses motifs, la composition, les cadrages décalés qui repoussent le sujet sur le côté, l’utilisation des diagonales ou des lignes en S. Sans oublier que le goût de Monet pour le Japon s’est manifesté dans l’aménagement de son jardin d’eau, avec son pont japonais qui rappelle le « monde flottant » des grands maîtres de l’ukiyo-e. Monet n’a pas fait le voyage du Japon. Il a par contre cru le reconnaître lors de son voyage en Norvège en 1895: « J’ai là un motif délicieux, écrit-il à sa belle-fille, Blanche Hoschedé, des petites îles au ras de l’eau, toutes couvertes de neige et au fond une montagne. On dirait le Japon…«